ci dessous le récit sur STW de notre nuit folle dans le port des Minimes lors de Xintia à La Rochelle le 28 février 2010
"Bonjour à tous
Nous aussi nous étions sur notre voilier aux Minimes à La Rochelle . au ponton 19 aux premières loges . Après la description de ce que nous avons vécu, j'essaie d'en tirer quelques enseignements utiles pour tous .
1h15 avant la pleine mer rafale maxi enregistrée 83 nds . il ne reste que 10 cms entre les guides du ponton et le sommet des ducs d'albe (plus communément appelées bites par les voileux) . Le baro annoncé à 990 est en réalité à 977,5 !
Manifestement ça ne passera pas ...... il reste au moins 50 à 70 cms de marée à venir .
Nicole et moi décidons d'enfiler les combinaisons de survie pour quitter le bateau alors qu'il est encore temps de s'échapper de ce qui va obligatoirement devenir une souricière si le ponton casse ou sort de ses guides .
Nous préssentons qu'au mieux les pontons ne rentreront pas dans leur logement à la marée descendante . Je relâche du mou aux haussières et amarres pour écarter au maximum Esclarmonde III du ponton .
En quittant le voilier nous trébuchons sous les rafales en se raccrochant aux taquets . Le ponton fait des sauts de cabris !
Lorsque nous arrivons à la passerelle , le ponton sort des bites dans un couinement macabre . Heureusement du fait de la houle, certaines bites retiennent encore l'ensemble qui tient par la volonté du Saint esprit ..... stupeur il faut descendre sur le quai du bout blanc qui est déjà recouvert de 40 cm d'eau . Les voitures stationnées dont notre vieil espace finirons sous 1 m d'eau à marée haute .
Nous faisons le tour des autres bateaux occupés sur le ponton 20 ; nous nous rassurons mutuellement et règlons les haussières pour éviter que les voiliers ne viennent percuter le quai sous les rafales . Le ponton 20 est moins exposé ; il résiste mieux , les bites ayant été surélevées après la tempête de 1999 . De fait le ponton 19 se cassera en 4 morceaux, les angles restant suspendus aux bites avec le reflux .
L'angle de ponton suspendu à 5 m à marée basse proche d'Esclarmonde retombe dans un fracas indescriptible ..... Miracle : les trois bateaux qui y sont accrochés ne sont pas touchés par sa chute .
Le ponton 19 ne pouvant plus retenir les bateaux de façon sûre, nous partons en milieu d'après midi pour un mouillage sur ancre .... passant devant port de commerce, je passe un message à la capitainerie sur le canal 12 en leur demandant exceptionnellement l'hospitalité pour la nuit ce qu'il nous accorde bien volontiers .
Fatigués de ces péripéties , vent de travers, je manque l'accostage sur babord ; l'arrière s'écarte du quai ..... Nicole glisse sur le bord du ponton et tombe dans le port ! ..... Bien sûr en me dégageant, le bout se prend dans le propulseur d'étrave !
Heureusement tout se fini bien Nicole remontant par l'échelle de bain, Les douaniers sympa nous aidant à nous accrocher cette fois pour de bon !
Bonne douche chaude méritée tant pour Nicole que pour moi qui ai dû plonger retirer au cutter le bout bien coincé ma foi ! Merci au groupe électrogène et au chauffage électrique à bord .
Les leçons à tirer pour le navigateur :
A 990 mb la réhausse devait être d'environ 70 cms ; j'ai relevé au plus bas du baro 977,5 ce qui fait une réhausse de 1,20 m environ .
La prévision météo est incertaine à ce niveau de détail . Compte tenu de la taille du voilier paradoxalement il aurait été plus prudent de sortir en mer que de rester coincé dans la souricière qu'est un port de plaisance .
Puisque nous étions au port, nous ne regrettons pas d'être restés à bord car nous avons pris des mesures de sauvegarde qui ont grandement contribué à préserver intact le bateau :1 fermeture éclair cassée et l'éolienne air X hors d'usage - (en fait seul le fusible de protection a grillé ) .
Nos combinaisons de survie Viking sont absoluement remarquables . Elles s'enfilent facilement, fermée jusqu'en haut dans un mètre d'eau environ on a même beaucoup trop chaud . La mobilité reste très satisfaisante et il est possible de faire des manoeuvres précises car on peut poser les gants . Rien donc à voir avec les combinaisons "bisounours " qui ne nous auraient pas été utiles dans ces circonstances particulières .
Le vrai danger est imminent lorsque l'on est plus sous tension du fait de la situation extrême . Lorsque Nicole est tombée à l'eau , il s'agissait d'une banale manoeuvre d'amarrage au calme dans un port , mille fois répétée et rodée . Heureusement elle avait laissé la flottabilité dans sa veste de quart ce qui lui a évité le désagrément de couler à pic dans de l'eau "fraîche" ! Chutant sur le coté babord, j'ai constaté que l'échelle de bain ne pouvait être fixée que sur tribord ...... Loi de l'emm....... maximum oblige ! Leçon à retenir : il faut donc prévoir les fixations de l'échelle des deux cotés et sur la poupe .
Bon vent à tous et bien sûr une pensée sincèrement triste pour tous ceux dont les proches ou des biens essentiels ont été touchés par cette catastrophe .
louism"
Commentaire complémentaire :
En Août 2012, alors que nous étions sur TillG (Super-Maramu de nos amis Robert et Josette) , au port de Santa Maria aux Açores, nous avons essuyé une remontée cyclonique avec des vents enregistrés de 234 km/h à la station météo de l'aéroport tout proche .
Leçon de cette expérience : Pour faire face à de telles situations, il est essentiel d'avoir un stock de haussières conséquent avec des bouts de chaîne de 10 qui permettent de reprendre l'amarrage autour des bites, par dessous les pontons . Cet accrochage limite les coups de boutoir dans les haussières, consécutifs au soulèvement des pontons par la houle .
Tout a bien tenu . Le voilier n'a subit aucun dommage .
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