dimanche 1 décembre 2019

Petit tour au pays du Fado .....

Bonjour les amis
Attention, cet article a été écrit en octobre  2015 ..... il est resté à l'état de brouillon depuis . Je le publie ce 30 novembre 2019 après avoir joint quelques photos  prises à l'époque  .  bonne lecture à tous
Louis et Nicole


Nous sommes partis de Bayona le matin du mardi 20 octobre dès le « potron minet » des retraités (c'est à dire assez tard pour des « actifs »)….. . Belles conditions pour déhaler de la marina et de la ria de Vigo avec un vent Est / Nord Est . Nous faisons route vers le large quelques miles pour être sûrs d'avoir du vent en mer malgré le relief de la côte très relevé encore à cette latitude . L'altitude de la côte tend à diminuer régulièrement dès le passage sous souveraineté portugaise …...

Désolés, mais la géographie n'est certainement pas une raison suffisante pour penser que ce peuple manque de hauteur  (tout court ou ...de vue ) ou bien encore qu'il conviendrait d'accorder un quelconque crédit aux propos désobligeants sur une gente féminine digne et ma foi souvent fort coquette , qu'il serait désobligeant de prendre à rebrousse poils   …..
Contrairement à ce que laisse croire l'histoire officielle Portugaise , la Lusitanie n'est pas née à Guiramaés au XI eme siècle à la suite de combats  entre nobles  et dignes personnages de l'histoire ibérico-lusitanienne ....
C'est la  création d'un empereur Romain  célèbre :  Auguste (31 à 14 av JC)   . Son lointain successeur et tristement célèbre Néron  (54 à 68 ap JC)   se servi de cette province pour éloigner Othon , le mari de la belle Lollia Poppéa (dite Poppée) qu'il nomma le plus loin possible  - précisément en Lusitanie - pour caser le cocu "récompensé" ainsi  en devenant gouverneur  .  Toutes similitudes  avec  les pratiques politiques  non décadentes - elles - de notre époque actuelle révélées chaque semaine dans les feuillets d'un hebdomadaire   "volatile"  doivent être  considérées  comme fortuites ......

Cependant, même si nous n'avons - à notre gré - pas assez pénétré le pays en profondeur notamment dans sa ruralité , l'impression qui reste à l'état d'hypothèse est que le développement s'est concentré autour et dans les métropoles urbaines captant la rente publique et les emplois à haute valeur ajoutée (Lisbonne, Porto ) d'une part, et sur le littoral copieusement bétonné d'autre part . Les villes intérieures de second rang : Braga, Coïmbra, Guiramaès ….. ont un peu l'aspect anachronique de nos préfectures et sous préfectures avec leurs cohortes de vitrines de centre ville condamnées par du papier kraft et leurs périphérie jonchées d'usines rendues à l'état de  friches industrielles  ….



Le péri - urbain de toutes les agglomérations porte les stygmates de la désindustrialisation rapide de  ces dernières années . C'est seulement en arrivant à la près de Lisbonne et  de Porto que l'on peut voir de significatifs nouveaux équipements industriels qui réunissent  essentiellement des petites et moyennes entreprises …..en tout cas, bien loin de compenser en valeur ajoutée et en emplois les dizaines de grosses unités industrielles croisées à l'abandon tout au long de nos déplacements dans le pays (c'est d'ailleurs pareil en Espagne autour de Compostelle et Vigo ) .



Nous n'avons découvert de la ruralité portugaise que la riche vallée viticole du Douro ….. autant aller voir la ruralité française dans les chateaux du Médoc …. cette face existe et c'est beau ! Elle ne permet aucun début de vision d'ensemble .



On peut se consoler en faisant l'observation sans trop se compromettre  que l'absence de politique d'aménagement du territoire ne concerne pas que la France …...



Nous avons été impressionnés par le nombre de grosses berlines allemandes en circulation à Lisbonne et à Porto …... Le Portugal contesterait il à la Grèce le rang de premier acheteur de  voitures Porsche en Europe ?    Mercédès, Audi et autres BMW  sont aussi très prisées .



Cet attrait pour le brillant, était déjà très marqué au temps de la splendeur baroque du XVII ème et XVIII ème siècles . Les bourgeois et nobles argentés affichaient leur piété par des offrandes dorées . Cette volonté de se singulariser et d'afficher une réussite matérielle - courante chez les nouveaux riches - est elle désormais sécularisée par l'affichage du standing par l'automobile  et les montres ? C'est peut être là un trait de caractère qui existe partout - convenons en - mais plus signifiant  encore ici ?

La « concordance des temps «  tient à un phénomène identique à la base : l'afflux monétaire sans création de richesse induit des dépenses somptuaires . Au XVII ème c'est l'afflux d'or du Brésil qui est à l'origine du « feu d'artifice » architectural baroque portugais . Nous devons avouer qu'après avoir parcouru de nombreux édifices qui constituent d'indiscutables chef-d'oeuvres au sens technique et artistique…... nous avons renoncé à en visiter un grand nombre supplémentaires . Nausée d'or ! Nous nous sommes surpris à rêver de Sénanque, du Thoronnet …. bref du dépouillement de l'architecture cistercienne , de l'église de Fresselines où nous nous sommes mariés ….... Surtout lorsque l'on met en balance les souffrances humaines pour extraire l'or dans la colonie Brésilienne d'alors et ces « attestations » de piété, c'est un témoignage accablant de la vacuité d'une foi sortant du domaine privé pour être érigée dans le domaine public en norme sociale . …... On prend là, la mesure de l'importance de l'arrivée d'un pape Franciscain dont les valeurs d'humilité bousculent les convenances, rétablissent le sens des vérités ….. y compris esthétiques . Devant ces amas de sculptures dorées à l'or fin, on médite vraiment aux enseignements tirés de notre chemin vers Compostelle : c'est vraiment "ce qui est en trop dans le sac qui pèse lourd" …... et là, la surcharge est vraiment insoutenable ! Vous aurez compris que l'on apprécie moyennement ces chefs d'oeuvres de technicité  . Nous n'allons cependant  pas en  prôner  la destruction . Ils sont   heureusement soigneusement conservés .

Le Portugal moderne a subit des maux de même essence qu'au XVII ème siècle avec l'afflux de liquidités résultant des aides européennes massives et de la création monétaire insensée dont le système bancaire s'est rendu responsable avec la crise financière . Au lieu d'être thésaurisé dans des fresques baroques, ces liquidités ont alimenté un processus d'emballement immobilier et des dépenses somptuaires . Ces dernières, notamment sous forme de voitures de luxe - vont de pair avec l'explosion de la domesticité qui prend le pas sur les activités de production (leur prolifération prend de nouveaux visages au travers des activités de conseil - comptables - juridiques- fiscaux – financiers, en communication ….etc) .



Pour réguler ces excès du marché, il semble que cela ne puisse être que le rôle de l'Etat à qui incombe le choix des priorités économiques par un outil pertinent d'orientation : l'outil fiscal . J'oserais - par un exemple illustrant ma pensée - faire une digression qui va faire hurler certains de mes amis passionnés de belles carrosseries : Si l'on pousse un peu le raisonnement , l'instauration jadis d'un taux majoré de TVA sur les véhicules de luxe avait un vrai caractère vertueux au sens économique : il incitait à affecter les excédents d'épargne sur des investissements « productifs -que ne sont pas les voitures de luxe : Ne faudrait il pas, pour l'avenir, plutôt que d'exonérer de fiscalité des véhicules hybrides puissants « greenwatchés » sous le fallacieux prétexte d'écologie pour bobos urbains , revenir au système très simple d'une TVA à 33 % (ou plus) au dessus d'une puissance de base - elle moins taxée - permettant de satisfaire à la fonction première d'un véhicule : se déplacer  en polluant le moins possible ?   (C'est peut être étonnant , mais  cette  fiscalité  est strictement appliquée par le royaume du Maroc dont nous parlerons plus tard à l'occasion de l'escale que nous avons fait à Mohammedia) . 

Le Portugal , l'Espagne , la Grèce , la France - dans une moindre mesure - choisissent des mesures de restriction budgétaires (militaires notamment) et sociales sur les systèmes de santé ou de retraite plutôt que d'augmenter les prélèvements sur les dépenses somptuaires ….. Ce sont des choix économiques irrationnels qui alimentent l'excédent budgétaire de nos amis allemands et Suisses qui s'en frottent les mains . Cigales et Fourmis choisissez votre costume pour la surprise - partie !

Nous pouvons maintenant en témoigner au regard de ce que nous y avons visité . Nous devons nous rendre à l'évidence : Les lieux communs de notre enfance  sur ce pays relèvent pour l'essentiel du passé . Certes, si l'on cherche bien, il sera possible au grincheux d'y voir des traces d'une misère encore récente à l'échelle historique . Malgré les turbulences économiques consécutives à la crise financière de 2007/ 2008 qui l'affectent très durement – c'est perceptible - ce pays a accompli en trente ans - jusqu'au milieu des années 2000 - un bond en avant prodigieux sous tous les aspects possibles ; infrastructures, qualité de l'habitat, habillement, état de santé, éducation, ...etc . C'est bien là une preuve parmi d'autres (Ariane , Airbus, ….etc) que – mise en de bonnes mains – l'Europe agrégeant des Etats souverains est plus vertueuse que quand elle se laisse asphyxier par les lobbyes financiers  assez puissants pour faire  "débarquer" une personnalité aussi influente que Michel Barnier rendu à une simple fonction honoraire de conseiller du Président de la commission  pour ne plus "nuire"  à leurs intérêts : (à écouter avec intérêt l'émission de Stéphane Paoli avec Michel Barnier     http://www.franceinter.fr/emission-agora-union-europeenne-ouverture-ou-fermeture.)

Revenons à ce beau pays : le Portugal . Vous découvrirez dans le parcours photos ci dessous des images connues et d'autres plus insolites ….



Bonne balade en Lusitanie .
Nous arrivons au Portugal en touchant le port de Povoa de Varzim à 30 kms au nord de Porto

 Le port de Povoa de Varzim  vu du large : une cote déjà très bétonnée

 La marina est  à 1 Km du centre ville et du terminus du métro vers Porto
La gare routière est à l'opposé de la marina dans  la ville à 2,5 kms environ
des équipements modernes corrects, un prix très compétitif notamment pour les hivernages à sec .... En effet cette marina est tellement houleuse par vent de Sud à Ouest qu'il est déconseillé d'y laisser un canot à l'eau toute une saison d'hiver ..... sans risquer de l'exposer à de gros dégâts .


Près du port , l'église construite près du quartier des pêcheurs



Le monument édifié face à la mer  en souvenir des naufragés ....


l'église de Vila do Condé . En arrière plan le monastère de Santa Clara


 de nombreuses petites chapelles sont parsemées en ville ......

......attestent d'une foi populaire vivace et profondément ancrée


jusque dans les vitrines de magasins spécialisés en bondieuseries .....


Le fleuve à Villa do Condé : un des rares mouillages sûrs du Portugal

un petit port de plaisance  très abrité .....réservé aux petits tirants d'eau qui peuvent franchir le platier au débouché du fleuve dans l'océan




C'est à Vila do Condé qu'ont été construits les bateaux des grands navigateurs portugais du XV e jusqu'au XVIII ème siècles ; un projet des années 2000 a permis de réaliser la reconstruction de la  caravelle de Vasco de Gama que l'on peut visiter avec un petit musée attenant .

le pont vu de la poupe
le pont vu de la proue : des solutions techniques  très simples ( mais fiables) vues avec notre regard moderne ..... il faut être capable de se décentrer pour entrevoir  qu'il s'agissait de "la fusée Ariane" du XVème siècle ! Ce que nous visitons aujourd'hui à Kourou  portera nos petits enfants à sourire de nos technologies actuelles qui leur paraitrons bien sommaires ..... qui a parlé d'accélération ? 
Le port de Vila do Condé est tombé en désuétude progressive  quand ses chantiers n'ont pu suivre l'évolution du besoin d'agrandissement des unités construites au XIX è siècle  . La limitation du tirant d'eau pour sortir de ce port à interdit la construction de navires plus gros .



PS : Pour les curieux , après avoir rédigé cette présentation, à la Bibliothèque Universitaire de Coïmbra, nous avons acheté le livre « Histoire du Portugal » d'Albert – Alain Bourdon , éditions Chandeigne, 201 pages , ré-édité en septembre 2012 dont nous conseillons la lecture à qui veut mieux connaître le temps long, la troisième dimension - celle de la durée - de cet espace lusitanien . Ce qui était évoqué à titre d'hypothèse dans mon article se trouve pour l'essentiel confirmé et développé avec un vif esprit de synthèse et une attirante facilité de lecture .



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