mardi 15 avril 2014

Sainte Lucie .....so british


Sainte Lucie ….. début de la découverte des Antilles de sa gracieuse majesté .....

Nous quittons l'anse Caritan devant Sainte Anne au petit matin . Nous allons faire notre première vraie expérience de traversée dans les canaux entre les îles : Depuis leur arrivée, nos amis Olivier, Katel et leurs enfants sont restés presque tout le temps à bord du voilier . La découverte de la côte sous le vent et les mouillages ont été assez confortables . Ils sont désormais assez «amarinés » pour partir au large rencontrer des conditions de mer plus hauturières sans trop risquer de vivre le cauchemard d'un tenace mal de mer .

La préparation d'une telle navigation reste simple même si aucune précaution ne doit être négligée car la mer peut y être dure et la houle hargneuse nous à prévenu notre ami Johan  : l'annexe que nous laissons habituellement traîner négligemment à quelques mètres derrière le voilier a été remontée et sanglée sur la plate-forme de poupe, le moteur et son réservoir ont été démontés,fixés sur la chaise au balcon arrière  ; par ailleurs, la veille au soir nous nous sommes assurés qu'aucun phénomène météo dangereux ne vendrait troubler notre « promenade » (VHF CROSSAG sur le 16 dégageant 79 ou 80 comme en métropole) .

Tout étant paré, nous prenons la mer presque plein Sud , sous voiles (au près bon plein) en anticipant la dérive causée par le courant portant à l'Ouest dans le canal . La distance à parcourir est d'une bonne vingtaine de nautiques (une quarantaine de kilomètres pour faire simple), le vent est de l'ordre de 15 nœuds et la houle moyenne de l'ordre de 2 mètres : Une partie de plaisir comme en offrent -semble t'il assez souvent - les navigations dans ce coin .

En fin de matinée, nous approchons la pointe Nord de Sainte Lucie et nous faisons route en direction de la côte sous le vent au près bon plein toutes voiles envoyées (génois, grand voile et artimon) .

Vue d'ensemble et première impression : Nous découvrons – là encore- une île très urbanisée .

arrivée au Nord de Sainte Lucie
 
 
constructions entre Rodney bay et Castries

Nous contournons Pigeon - Island.....





 et pénétrons dans Rodney-Bay .


 Notre premier mouillage sera dans l'anse située sous le fort, devant « la Jambe de bois » aussi célèbre bistrot que « La  sirène » des Scillyes, « chez Peter » à Horta ou «Le bout du monde à Brest » (dommage que le « Café du Nord » de La Rochelle qui avait un passé glorieux d'accueil des plus grands navigateurs et dont les murs ont raisonnés aux chants de Tarbarly se soit éloigné de sa clientèle traditionnelle pour se tourner vers celle des « gogos » en tongs venant voir quelle allure peut bien avoir Fort Boyard . Un bémol cependant mérite d'être apporté : n'étant plus à La Rochelle depuis quelques mois maintenant, les choses ont peut être évolué depuis et mon propos n'est - je l'espère - plus d'actualité) .
 

Rodney-Bay était - il y a trente ans encore - vierge de presque toute construction nous ont raconté Yves et Chantal , navigateurs venant du Vénézuéla, rencontrés au Marin . C'est désormais une bourgade dont l'esprit est assez proche de celui qui a présidé à la construction de Port Bourgenais (près des Sables d'Olonne en Vendée)….mais à la puissance 10 . Heureusement, la partie historique coté Pigeon Island a été préservée avec goût et l'entretien du parc est particulièrement soigné …. L'atmosphère n'a rien a voir ici avec Arletti ….. mais bien avec avec un passé britannique qui fleure bon avec une paradoxale harmonie flegmatique « so british » – aussi bien la guimbarde qui fuit l'huile, la belle limousine qu'un sens poussé du commerce et du business construit sur l'attrait touristique de l'île .

Les nombreux bateaux américains et canadiens à coté de nous attestent d'une bien réelle attractivité de ce spot .

La petite plage à proximité du mouillage permet aux enfants la baignade tant attendue en fin d'après midi et le jeu avec le seau et la pelle sur le sable. Pour nous les « grands », rien ne presse … respectant la maxime du navigateur tour-du- mondiste « il faut faire au moins une chose par jour », que nous avons honorée aujourd'hui.... nous irons faire les formalités douanières et d'immigration demain . Cependant soucieux de rester en règle , nous mettons le fanion jaune en bonne compagnie du pavillon de Sainte Lucie sur tribord . Ce pavillon de couleur unie, indique aux autorités du pays que nous n'avons pas encore satisfait aux exigences douanières .

Le lendemain, après un petit déjeuner au calme, nous déplaçons Esclarmonde 3 vers l'entrée de la Marina pour ne pas avoir à traverser toute la baie en annexe  ; le vent lève un clapot assez court qui interdit de faire déjauger la coque du dinghy .

Débarquement de l'équipage en deux rotations …. Nous nous présentons aux « customs and immigration office . L'accueil est très professionnel . De très nombreux plaisanciers arrivent et repartent d'ici chaque jour .

Nous avons le plaisir de retrouver Marc et Rosemonde avec lesquels nous avons sympathisé à Kourou . Retrouvailles , café , transmission des bons plans pour rendre agréable la navigation entre Tobago et St Vincent .

Marc me montre la localisation des différents services dans la marina et notamment où il est possible de recharger les bouteilles de gaz (butane ou propane) : En effet, le cancer de la réglementation punitive acharnée des moindres interstices de toute vie sociale ou économique font qu'en France, il est désormais interdit de faire recharger à l'unité des bouteilles de gaz ! Devinez ce qu'on en fait ? On les jette : non ! On le fait soit même (avec une 13 kgs renversée munie d'un tuyau transparent armé, c'est facile) ou on les fait recharger chez les voisins ! (c'est toujours quelques dizaines d'emploi de service qu'on perd stupidement ….mais c'est qu'on peut se permettre certainement …...)

Comment des normes insignifiantes peuvent elle devenir contraignantes dans une société prétendue intelligente ?

Ce détail m'emmène à une digression , car il est signifiant  : Loin est le temps où le Président Pompidou, dans sa grande sagesse d'homme issu du Cantal profond s'exclamait à la découverte quotidienne de parapheurs obèses « arrêtez d'emmerder les Français ! » …. Sagesse ultime de nos politiques : abdiquer même cette prérogative (mais sans renoncer aux indemnités rassurez vous  !) Ce sont désormais d'invisibles fonctionnaires européens qui - abrités derrière leur parfaite impunité fiscale (une petite Suisse statutaire) - disposent d'un champ totalement libre pour "martyriser" le citoyen à coup de directives transposables dans les droits nationaux sans contrôle réel possible des élus de chaque Nation .

Au delà de la problématique institutionnelle qui ne trouve jamais aucune issue durable avec des bouc émissaires, c'est bien la question du rôle du Droit dans nos sociétés qui est en cause . Il est de bon ton de dire que l'accroissement de la complexité de nos sociétés « développées » pousse à ce foisonnement de normes comme s'il s'agissait d'un phénomène inéluctable . En est ce bien la cause ? pas si sûr ….. l'Expert – concepteur et manieur de normes techniques - n'a t'il pas pris la place laissée vacante par la démission en rase campagne du Philosophe au sens d'homme « sage » ? Montaigne reviens  pour nous permettre de ne pas être emm....... pour charger nos bouteilles de gaz !

Claude Lombois, Professeur de Droit Civil dont j'ai eu l'honneur d'être des élèves durant 4 ans avait une ambition pour ses étudiants : Il osait affirmer dès la fin de la première semaine introductive à son cours de Droit Civil de 1ere année que , si au terme des 4 années d'étude de la Maîtrise, nous avions compris que moins il y a de Droit formalisé, mieux une société fonctionne en harmonie...... il aurait satisfait aux obligations de sa charge . Avec le recul, il semble que cette pensée a vraiment beaucoup de sens .

Tournons la page de l'agacement résultant de l'impossibilité de charger des bouteilles de gaz en France ! Il y a mieux à faire ….. et allons découvrir la belle Sainte Lucie .
 
Après avoir retiré au distributeur de billets un peu de monnaie locale (le dollar caribéen est au taux de 0,35 environ  ) Nous prenons le taxi co devant la sortie de la marina pour nous rendre à Castries , la capitale de l'ile . le prix du billet est de 4 "biwis"  seulement pour une vingtaine de kilomètres .....
 
Les taxis co sont en grand nombre . Le temps d'attente est couramment de quelques minutes au plus , comme au Cap Vert . C'est un système très souple, convivial et écologiquement vertueux : Le taux de remplissage est élevé et ce dispositif évite de surcharger un réseau routier déjà saturé .
 
Castries est une ville encombrée, brouillonne mais elle  respire un bonheur de vivre simple . Les guides unanimes déconseillent l'escale .... si vous aimez un bol d'authenticité ... ne la ratez pas surtout que le mouillage au fond du port au nord du quai des cargos est spacieux, très protégé et gratuit . (on nous a conseillé de bien attacher le moteur de l'annexe qui pourrait avoir des tentations d'évaporation !)
 
 
 
 
 
 
 
Autre avantage non négligeable , on peut attacher l'annexe à 50 mètres du marché central où les doudous vendent à des prix attractifs tous les légumes  dont ont peu rêver . Avitaillement en frais au tiers du prix de l'autre coté du canal de Sainte Lucie . Le poisson est à 10 biwis le kg soit 3,5 euros le kg .

 
 
Nous prenons le taxi co pour faire un aller - retour  sur la côte au vent jusqu'à Dennery . Nous traversons le centre de l'ile assez montagneuse, avec une végétation luxuriante .
Après une descente en lacets  impressionnante, nous découvrons le site qui est superbe avec sa petite ile au centre le la baie .


 Par contre, on est assez loin des retombées du tourisme qui irriguent la côte sous le vent : Moins British ..... ou plutôt le British  hors circuit touristique  ! 


 
 
 
 
Mais on trouve au centre du village , le terrain de cricket assez bien entretenu autour duquel de nombreux enfants se retrouvent à la sortie de l'Ecole . Tous sont en uniforme ou plutôt avec un short blanc et un tee shirt de couleur variable selon la section dans laquelle ils étudient . Cette tenue traduit la volonté de gommer les différences de statut social entre les enfants à l'Ecole : C'est encore pareil en Martinique et en guyane  .... et c'était comme ça en France il y a 40 ans où chacun d'entre nous devait porter une blouse voire un uniforme  ; force est de constater qu'en métropole,  il est hors de question que l'Enfant Roi ne puisse faire sentir sa différence à ses camarades de classe en exhibant la marque de ses habits ou chaussures......... ou subir les quolibets  si il ne répond pas aux canons de l'apparence (idem pour la tyrannie du portable chez les ados..... ) . N'est -il pas étonnant qu'un  pays de culture anglo-saxonne et nos confettis ultra-marins  aient conservé plus de repères que  le centre de notre soit disant vertueuse République  égalitaire incapable de protéger les enfants  à l'Ecole des méfaits des "créatifs" du marketing  pour lesquels tout est permis pour déclencher l'addiction d'esprits encore maléables ?  
 
 
 
Nous revenons en taxi collectif à Castrie . Nous sommes les seuls blancs ... comme à l'aller . Il en sera de même sur les autres déplacements dans l'ile par ce moyen . Nous avions perçu une moue de dédain dans l'attitude de la secrétaire de l'office de tourisme (noire pourtant )  lorsque nous avons demandé des précisions sur les transports publics dans l'ile ...... amusant ! 
 
 
Il est temps de rentrer vers la Martinique pour déposer Olivier et Katel en vue de leur retour .
 
Claude nous rejoint ensuite pour 5 semaines .....  nous repasserons à Ste Lucie en sa compagnie .....  à bientôt
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 










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