Attention, cet article a été écrit en octobre 2015 ..... il est resté à l'état de brouillon depuis . Je le publie ce 30 novembre 2019 après avoir joint quelques photos prises à l'époque . bonne lecture à tous
Louis et Nicole
Nous sommes partis de
Bayona le matin du mardi 20 octobre dès le « potron minet »
des retraités (c'est à dire assez tard pour des « actifs »)…..
. Belles conditions pour déhaler de la marina et de la ria de Vigo
avec un vent Est / Nord Est . Nous faisons route vers le large
quelques miles pour être sûrs d'avoir du vent en mer malgré le
relief de la côte très relevé encore à cette latitude .
L'altitude de la côte tend à diminuer régulièrement dès le
passage sous souveraineté portugaise …...
Désolés, mais la
géographie n'est certainement pas une raison suffisante pour penser
que ce peuple manque de hauteur (tout court ou ...de vue ) ou
bien encore qu'il conviendrait d'accorder un quelconque crédit aux
propos désobligeants sur une gente féminine digne et ma foi souvent
fort coquette , qu'il serait désobligeant de prendre à rebrousse poils …..
Contrairement à ce que laisse croire l'histoire officielle Portugaise , la Lusitanie n'est pas née à Guiramaés au XI eme siècle à la suite de combats entre nobles et dignes personnages de l'histoire ibérico-lusitanienne ....
C'est la création d'un empereur Romain célèbre : Auguste (31 à 14 av JC) . Son lointain successeur et tristement célèbre Néron (54 à 68 ap JC) se servi de cette province pour éloigner Othon , le mari de la belle Lollia Poppéa (dite Poppée) qu'il nomma le plus loin possible - précisément en Lusitanie - pour caser le cocu "récompensé" ainsi en devenant gouverneur . Toutes similitudes avec les pratiques politiques non décadentes - elles - de notre époque actuelle révélées chaque semaine dans les feuillets d'un hebdomadaire "volatile" doivent être considérées comme fortuites ......
Cependant, même si nous
n'avons - à notre gré - pas assez pénétré le pays en profondeur
notamment dans sa ruralité , l'impression qui reste à l'état
d'hypothèse est que le développement s'est concentré autour et
dans les métropoles urbaines captant la rente publique et les
emplois à haute valeur ajoutée (Lisbonne, Porto ) d'une part, et
sur le littoral copieusement bétonné d'autre part . Les villes
intérieures de second rang : Braga, Coïmbra, Guiramaès …..
ont un peu l'aspect anachronique de nos préfectures et sous
préfectures avec leurs cohortes de vitrines de centre ville
condamnées par du papier kraft et leurs périphérie jonchées d'usines rendues à l'état de friches industrielles ….
Le péri - urbain de
toutes les agglomérations porte les stygmates de la
désindustrialisation rapide de ces dernières années . C'est seulement
en arrivant à la près de Lisbonne et de Porto que l'on peut
voir de significatifs nouveaux équipements industriels qui
réunissent essentiellement des petites et moyennes entreprises …..en tout cas,
bien loin de compenser en valeur ajoutée et en emplois les dizaines
de grosses unités industrielles croisées à l'abandon tout au long
de nos déplacements dans le pays (c'est d'ailleurs pareil en
Espagne autour de Compostelle et Vigo ) .
Nous n'avons découvert
de la ruralité portugaise que la riche vallée viticole du Douro
….. autant aller voir la ruralité française dans les chateaux du
Médoc …. cette face existe et c'est beau ! Elle ne permet
aucun début de vision d'ensemble .
On peut se consoler en
faisant l'observation sans trop se compromettre que l'absence de politique d'aménagement du
territoire ne concerne pas que la France …...
Nous avons été
impressionnés par le nombre de grosses berlines allemandes en
circulation à Lisbonne et à Porto …... Le Portugal contesterait
il à la Grèce le rang de premier acheteur de voitures Porsche en Europe ?
Mercédès, Audi et autres BMW sont aussi très prisées .
Cet attrait pour le
brillant, était déjà très marqué au temps de la splendeur
baroque du XVII ème et XVIII ème siècles . Les bourgeois et nobles argentés affichaient
leur piété par des offrandes dorées . Cette volonté de se
singulariser et d'afficher une réussite matérielle - courante chez
les nouveaux riches - est elle désormais sécularisée par
l'affichage du standing par l'automobile et les montres ? C'est
peut être là un trait de caractère qui existe partout - convenons
en - mais plus signifiant encore ici ?
La « concordance
des temps « tient à un phénomène identique à la base :
l'afflux monétaire sans création de richesse induit des dépenses
somptuaires . Au XVII ème c'est l'afflux d'or du Brésil qui
est à l'origine du « feu d'artifice » architectural
baroque portugais . Nous devons avouer qu'après avoir parcouru de
nombreux édifices qui constituent d'indiscutables chef-d'oeuvres
au sens technique et artistique…... nous avons renoncé à en visiter un grand
nombre supplémentaires . Nausée d'or ! Nous nous sommes
surpris à rêver de Sénanque, du Thoronnet …. bref du
dépouillement de l'architecture cistercienne , de l'église de
Fresselines où nous nous sommes mariés ….... Surtout lorsque
l'on met en balance les souffrances humaines pour extraire l'or dans
la colonie Brésilienne d'alors et ces « attestations »
de piété, c'est un témoignage accablant de la vacuité d'une foi
sortant du domaine privé pour être érigée dans le domaine public
en norme sociale . …... On prend là, la mesure de l'importance de
l'arrivée d'un pape Franciscain dont les valeurs d'humilité
bousculent les convenances, rétablissent le sens des vérités …..
y compris esthétiques . Devant ces amas de sculptures dorées à
l'or fin, on médite vraiment aux enseignements tirés de notre
chemin vers Compostelle : c'est vraiment "ce qui est en trop dans
le sac qui pèse lourd" …... et là, la surcharge est vraiment
insoutenable ! Vous aurez compris que l'on apprécie moyennement
ces chefs d'oeuvres de technicité . Nous n'allons cependant pas en prôner la destruction . Ils sont heureusement soigneusement conservés .
Le Portugal moderne a
subit des maux de même essence qu'au XVII ème siècle avec
l'afflux de liquidités résultant des aides européennes massives et
de la création monétaire insensée dont le système bancaire s'est
rendu responsable avec la crise financière . Au lieu d'être
thésaurisé dans des fresques baroques, ces liquidités ont alimenté
un processus d'emballement immobilier et des dépenses somptuaires .
Ces dernières, notamment sous forme de voitures de luxe -
vont de pair avec l'explosion de la domesticité qui prend le pas sur
les activités de production (leur prolifération prend de nouveaux
visages au travers des activités de conseil - comptables -
juridiques- fiscaux – financiers, en communication ….etc) .
Pour réguler ces excès
du marché, il semble que cela ne puisse être que le rôle de
l'Etat à qui incombe le choix des priorités économiques par un
outil pertinent d'orientation : l'outil fiscal . J'oserais -
par un exemple illustrant ma pensée - faire une digression qui va
faire hurler certains de mes amis passionnés de belles
carrosseries : Si l'on pousse un peu le raisonnement ,
l'instauration jadis d'un taux majoré de TVA sur les véhicules de
luxe avait un vrai caractère vertueux au sens économique : il
incitait à affecter les excédents d'épargne sur des
investissements « productifs -que ne sont pas les voitures
de luxe : Ne faudrait il pas, pour l'avenir, plutôt que d'exonérer
de fiscalité des véhicules hybrides puissants « greenwatchés »
sous le fallacieux prétexte d'écologie pour bobos urbains ,
revenir au système très simple d'une TVA à 33 % (ou plus) au
dessus d'une puissance de base - elle moins taxée - permettant de
satisfaire à la fonction première d'un véhicule : se
déplacer en polluant le moins possible ? (C'est peut être étonnant , mais cette fiscalité est strictement appliquée par le royaume du Maroc dont nous parlerons plus tard à l'occasion de l'escale que nous avons fait à Mohammedia) .
Le Portugal , l'Espagne
, la Grèce , la France - dans une moindre mesure -
choisissent des mesures de restriction budgétaires (militaires
notamment) et sociales sur les systèmes de santé ou de retraite
plutôt que d'augmenter les prélèvements sur les dépenses
somptuaires ….. Ce sont des choix économiques irrationnels qui
alimentent l'excédent budgétaire de nos amis allemands et Suisses
qui s'en frottent les mains . Cigales et Fourmis choisissez votre
costume pour la surprise - partie !
Nous pouvons maintenant en témoigner au regard de ce que nous y avons visité . Nous devons nous rendre à l'évidence : Les lieux communs de notre enfance sur ce pays relèvent pour l'essentiel du passé . Certes, si l'on cherche bien, il sera possible au grincheux d'y voir des traces d'une misère encore récente à l'échelle historique . Malgré les turbulences économiques consécutives à la crise financière de 2007/ 2008 qui l'affectent très durement – c'est perceptible - ce pays a accompli en trente ans - jusqu'au milieu des années 2000 - un bond en avant prodigieux sous tous les aspects possibles ; infrastructures, qualité de l'habitat, habillement, état de santé, éducation, ...etc . C'est bien là une preuve parmi d'autres (Ariane , Airbus, ….etc) que – mise en de bonnes mains – l'Europe agrégeant des Etats souverains est plus vertueuse que quand elle se laisse asphyxier par les lobbyes financiers assez puissants pour faire "débarquer" une personnalité aussi influente que Michel Barnier rendu à une simple fonction honoraire de conseiller du Président de la commission pour ne plus "nuire" à leurs intérêts : (à écouter avec intérêt l'émission de Stéphane Paoli avec Michel Barnier http://www.franceinter.fr/emission-agora-union-europeenne-ouverture-ou-fermeture.)
Revenons à ce beau
pays : le Portugal . Vous découvrirez dans le parcours photos
ci dessous des images connues et d'autres plus insolites ….
Bonne balade en Lusitanie
.
Nous arrivons au Portugal en touchant le port de Povoa de Varzim à 30 kms au nord de Porto
Le port de Povoa de Varzim vu du large : une cote déjà très bétonnée
La marina est à 1 Km du centre ville et du terminus du métro vers Porto
La gare routière est à l'opposé de la marina dans la ville à 2,5 kms environ
des équipements modernes corrects, un prix très compétitif notamment pour les hivernages à sec .... En effet cette marina est tellement houleuse par vent de Sud à Ouest qu'il est déconseillé d'y laisser un canot à l'eau toute une saison d'hiver ..... sans risquer de l'exposer à de gros dégâts .
Près du port , l'église construite près du quartier des pêcheurs
Le monument édifié face à la mer en souvenir des naufragés ....
l'église de Vila do Condé . En arrière plan le monastère de Santa Clara
de nombreuses petites chapelles sont parsemées en ville ......
......attestent d'une foi populaire vivace et profondément ancrée
jusque dans les vitrines de magasins spécialisés en bondieuseries .....
Le fleuve à Villa do Condé : un des rares mouillages sûrs du Portugal
un petit port de plaisance très abrité .....réservé aux petits tirants d'eau qui peuvent franchir le platier au débouché du fleuve dans l'océan
C'est à Vila do Condé qu'ont été construits les bateaux des grands navigateurs portugais du XV e jusqu'au XVIII ème siècles ; un projet des années 2000 a permis de réaliser la reconstruction de la caravelle de Vasco de Gama que l'on peut visiter avec un petit musée attenant .
le pont vu de la poupe
le pont vu de la proue : des solutions techniques très simples ( mais fiables) vues avec notre regard moderne ..... il faut être capable de se décentrer pour entrevoir qu'il s'agissait de "la fusée Ariane" du XVème siècle ! Ce que nous visitons aujourd'hui à Kourou portera nos petits enfants à sourire de nos technologies actuelles qui leur paraitrons bien sommaires ..... qui a parlé d'accélération ?
Le port de Vila do Condé est tombé en désuétude progressive quand ses chantiers n'ont pu suivre l'évolution du besoin d'agrandissement des unités construites au XIX è siècle . La limitation du tirant d'eau pour sortir de ce port à interdit la construction de navires plus gros .
PS : Pour les
curieux , après avoir rédigé cette présentation, à la
Bibliothèque Universitaire de Coïmbra, nous avons acheté le livre
« Histoire du Portugal » d'Albert – Alain Bourdon ,
éditions Chandeigne, 201 pages , ré-édité en septembre 2012
dont nous conseillons la lecture à qui veut mieux connaître le
temps long, la troisième dimension - celle de la durée - de cet
espace lusitanien . Ce qui était évoqué à titre d'hypothèse dans
mon article se trouve pour l'essentiel confirmé et développé avec
un vif esprit de synthèse et une attirante facilité de lecture .