Chers lecteurs assidus de ce blog, vous allez nous prendre pour des cinglés ..... c'est pas grave! ...Il sont loins les Marchand .... vous direz vous derechef dans un noble réflexe de protection de vos conjoint et progéniture ....
Et bien oui ! Nous venons de visiter le paradis .... et plus fort, nous en revenons pour vous le raconter à l'occasion de la nouvelle année ! Notre ami Serge le magicien va être scotché par un tour d'une telle audace !
Il a été difficile de trouver des billets car seul un ferry était en fonctionnement avant noël . Avec obstination , nous sommes revenus trois fois à la guitoune ...enfin, nous avons chacun un billet pour le 26 Décembre . Nous sommes partis en fin d'après midi par le "Vicente" un bon gros ferry- ancien- mais dans un assez bon état d'entretien ; ( il fait penser à l'ancien ferry blanc qui fait l'été la liaison Yeu - Continent dont je ne me rappelle plus du nom (merci de votre aide dans les commentaires) .
Il part et arrive à peu près à l'heure et - malgré l'affluence de cette période de fêtes - n'est manifestement pas en surcharge . On est loin de l'image d'Epinal de l'Afrique avec son cortège de fantaisies en la matière..... l'embarquement s'opère en bon ordre .
Les caps verdiens semblent plutôt respectueux des règles et c'est un domaine où c'est ostensible . Nous ne sommes plus dans un pays sous développé, mais bien dans un pays en voie de développement .... et même assez rapide d'ailleurs .
En partant, nous avons une large perspective sur le port de commerce que nous voyons du haut de la passerelle .
puis en sortant , sur l'ensemble de la baie de Mindelo :
Le vent des alizées prend le canal entre les 2 iles en enfilade , ce qui créé un effet venturi avec une brise de 20 /25 nds constante . Le bateau, malgré sa taille navigue incliné sous l'effet de ce vent latéral .
Nous arrivons bien avant la nuit à Port-Novo d'où la vue permet d' embrasser toute l'île de Sao Antao .
En nous approchant nous admirons un terminal de gare maritime flambant neuf avec escalators svp ....
Durant la traversée, nous faisons la connaissance de Patricia, Jean et Aymeric, (des bordelais ayant des attaches en haute corrèze) avec qui nous échangeons sur nos projets de visite de l'ile . Allant ensemble vers Ribeira Grande, nous montons dans l'aluguer d'Adelino que Martine- notre hôte pour cette première soirée - nous a recommandé de prendre . Le Toyota Hiace - sorte de caisse à savon sur roues dont la réputation de robustesse n'est plus à faire - se lance à toute allure sur les 25 kms de pavés de basalte avec montées, descentes virages à droite et à gauche : Pas au niveau du super 8 de chez Mickey à Marne la Vallée, mais pas loin ! Pour ceux qui - comme moi - ont la colonne vertébrale en charpie .... prévoyez l'Ibuprophène ..... le Doliprane même en cachets de 1000 mg n'est pas assez dosé !
La première surprise tient à la sècheresse du versant Est de l'ile . On est encore dans un espace sahélien alors que l'on vient pour visiter l'ile réputée être la plus verdoyante de l'archipel . Nous empruntons la route de la côte qui longe la mer par l'Est . Petit à petit, la verdure apparait en même temps que l'on vire le cap qui ouvre sur une côte encore largement exposée au vent de Nord Est et aux pluies venant du secteur Ouest / Nord ouest à la saison .
A la nuit tombée, Adelino nous dépose bien au delà de Ribera Grande, au village de Boca de Coruja à l'entrée d'une propriété très arborée ... sur le seuil d'une maison récente . Nous arrivons chez Martine et Norbert .
Martine est la soeur de notre ami René ..... éminent membre du Bitume Rochelais qui fort gentiment nous a mis en relation sachant que nous allions faire escale au Cap Vert ..... René est le grand chancelier de la "Ficelle", un breuvage qu'il aime partager avec ses amis ! Les initiés du square Chabaud le reconnaitront aisément . Il n'y a donc pas lieu de le dévoiler plus aux curieux qui n'ont rien à faire avec les secrets rochelais .
Martine a préparé un dîner succulent que nous partageons dans la bonne humeur en faisant plus ample connaissance . La nuit se passe au calme .... vraiment calme : pas d'oscillation perceptible ni de bruit de drisses claquant contre les mâts .... conditions de repos optimales pour récupérer dans une suite superbe .
Au petit matin, nous découvrons un environnement végétal de rêve ..... fait de plantes choisies avec science et amour par Norbert ; il porte à la botanique une vraie passion .... qu'il sait faire partager .
Vous me ferez grâce des noms latins de chaque plante que je ne saurais vous rapporter .... mais allez voir Norbert sur son île enchantée .... il vous expliquera et vous fera aimer la chlorophile !
J'ai retenu que cette plante est le lien entre la fougère et le palmier dans la chaîne de l'évolution de cette espèce végétale .... et j'ai oublié de faire des photos des fleurs qui environnent la maison .... dommage !
Merci Norbert de cette inoubliable visite de ton jardin .
Après un vrai petit déjeuner de randonneurs....
.......Martine nous confie aux bons soins d'un de ses amis qui avec son aluguer nous conduit jusqu'à Cruzinha, point de départ de notre première marche sur l'île .
Le parcours justifie d'avoir une confiance aveugle dans le chauffeur qu'il vaut mieux bien choisir ..... tant les précipices sont vertigineux .
Nous découvrons des paysages époustouflants .
Nous revenons au niveau de la mer après bien des détours ....
et après une heure de route pavée puis de piste, sommes enfin en vue du village de Cruzhina , départ de notre randonnée vers Ponta do sol..... vraiment un bout du monde !
Nous partons pour une marche le long de la mer d'une durée de 5 heures .
quelques photos de la corniche que l'on longe pendant 4 heures
des cultures en terrasse au bout de nulle part .
Si vous avez peur que le ciel vous tombe sur la tête ... c'est l'endroit bien choisi : les falaises de plusieurs centaines de mètres de hauteur ne sont pas homogènes ; elles sont composées de couches superposées de basaltes, de cendres .... Les éboulements sont donc quotidiens mais nous n'avons entendu parler d'aucun accident . Il y a probablement lieu d'être très prudent en période de fortes pluies .
puis nous rentrons doucement vers Ponta do sol en passant par le village de Corvo
La route praticable par les aluguers est encore à 45 mn d'un sentier assez abrupt . Il est parcouru par les femmes chaussées de tongs, portant sur leur tête l'approvisionnement nécessaire à la vie des quelques familles perdues au milieu de ces contrées superbes mais quand même un peu perdues .
les terrasses permettent d'utiliser les moindres parcelles
le recoin d'un talweig abrite l'enclos abritant un chèvre et une brebis .... vraiment encore une vie quotidienne en circuit court ..... avec une nature assez généreuse pour permettre la cueillette en plus des cultures : un autre temps !
En marchant, nous faisons la rencontre d'un homme jeune avec lequel la conversation s'engage facilement dans un Français assez correct . Sa mère vit à Paris . Lui, travaille dans l'île voisine de Boa Vista . Il est marié . Son épouse et son fils vivent dans le village que nous venons de traverser . Il ne vient ici qu'une fois par an ; il en repart l'air plutôt triste en ayant envie d'échanger . Je ne peux éviter d'avoir le souvenir des récits de mon grand oncle, qui comme tous les maçons de la Creuse - vivait le même éloignement familial . L'ouverture des espaces ne se passe pas partout au même moment. ... le mouvement s'accélère dans ces contrées actuellement .
Le réseau routier souffre beaucoup compte tenu du relief très accidenté et de la géologie incertaine
A Ribeira Grande, autour d'un ponche , nous avons la chance de rencontrer le Directeur de la formation professionnelle de l'ile . Il nous explique qu'un très important effort est fait pour améliorer le niveau de compétences techniques dans tous les domaines, notamment dans l'agriculture, le bâtiment , le génie civil, car la mauvaise mise en œuvre des matériaux est fréquemment à l'origine de désordres couteux .
exemple : La route vers Fontainhas effondrée dans un virage . Le béton armé ayant été mal été ferraillé , la dalle au dessus du caniveau d'évacuation s'est rompue .
Nous arrivons enfin en vue de Ponta do Sol où nous allons coucher au résidencial de Thérésa la patronne du restaurant "le gato preto " (le chat noir) .
On ne corrige pas facilement ses penchants naturels ... notre première visite en ville est pour le port des pêcheurs dans lequel le ressac est impressionnant . Nous n'avons pas vu de barque rentrer ou sortir de ce petit "abri" exposé face à houle du large qui vient se fracasser directement sur ce qui fait office de digue : dommage ! Il doit être spectaculaire de voir l'embarcation se faufiller entre les déferlantes .... Les entrées à Arcachon ou à Etel réputées dangereuses, sont - vus d'ici - des formalités !
Le lendemain matin, nous quittons Ponta do Sol pour rejoindre l'ancienne route reliant Ribeira Grande à Porto Novo en franchissant les montagnes du centre de l'ile : "la route de la corde"
Les perpectives dévoilées par cette route sont exceptionnelles ; nous disposons d'une visibilité correcte à cette heure assez matinale .
Nous traversons Corda et arrivons au milieu d'un paysage suisse : des conifères , de la montagne à vaches ....où la verdure est omniprésente . En effet, ça change des autres iles .
L'aluguer nous arrête à l'entrée du cratère de Cova et de là, nous descendrons durant 7 heures vers Paül sur le littoral nord est .
Nous franchissons un petit col qui permet de sortir de la cuvette du cratère .... et la perspective s'ouvre sur une mer de nuages et ......
.......sur un précipice spectaculaire le long duquel serpente un sentier qu'il va falloir descendre :
Si vous avez vraiment le vertige ...... ce sentier est une thérapie !
Après une bonne heure de descente, en bas de ce sentier, nous découvrons une vallée très fertile, très bien cultivée au moyen de terrasses appuyées sur des murs de soutènement en pierres sèches . un vrai travail de romains ! des générations se sont succédées pour façonner de tels paysages dont nous ne sommes que les usufruitiers ..... les hommes et les femmes qui les préservent ont ils le juste retour de la qualité du paysage dont ils nous font profiter, nous les touristes ?
Le chemin serpente entre les bananiers, les plantations de canne à sucre, les manguiers, les papayers , les cafeyers....etc .
Nous sommes repassés sous la couche nuageuse .... nous reviendrons refaire cette randonnée pour profitrer d'une vue totalement dégagée sur la vallée de Paül .....
Les maisons sont entourées de bougainvilliers et de diverses fleurs tropicales qui malheureusement voisinent avec pas mal de déchets .....
Quel charme fou ont conservé ces petites maisons traditionnelles enfouies dans la végétation .
Un effort important est fait par les pouvoirs publics pour prévenir la contamination par la dinghe, accessoirement le paludisme , transmise par les moustiques dont les œufs prolifèrent dans les retenues d'eau contenues par des détritus, des vieux bidons, des pneus...... Une campagne d'information par affiches est très visible ; cette sensibilisation à l'environnement passe notamment par les enfants ... il y a donc encore de l'eau à couler sous les ponts ..... pour que ce soit plus propre mais au dire des habitants il y aurait progrès vers plus de propreté .
Nous arrivons en fin d'après midi a proximité de la ville de Paül ; nos jambes sont tétanisées par cette descente très physique .
Nos sacs à dos -même allégés par rapport au nécessaire pour le camino - accentuent l'effort . Nous nous arrêtons devant une petite échoppe "merceria" où stationnent une dizaine d'hommes . Nous demandons chacun un Coca . Un jeune nous répond dans un français assez correct qu'ils nous les offre . Je propose des cigarettes et nous apprenons que deux de nos interlocuteurs habitent Marseille où réside une forte communauté Cap Verdienne : L'accueil est partout vraiment très chaleureux .
Nous arrivons à la pension Aldeïa Jérôme au centre de Paül ? c'est un batiment récent, au milieu d'un joli jardin . Nous allons délasser nos muscles sous un bonne douche chaude ! Il y aura des courbatures demain peut on prédire sans risque de se tromper !
C'est pourquoi, nous renonçons le lendemain à faire une randonnée avec du dénivellé . Comme nous sommes Dimanche, il y a peu de circulation ..... Nous allons en profiter pour marcher 14 kms à partir de Paül sur la route côtière .......
....... en direction de Ribeira Grande....
.... visiter Sinagoga ....
l'entrée du village
Le terrain de sport gagné sur la mer à l'endroit d'une plage typique avec une falaise percée d'une arche ..... pas vraiment l'endroit bien choisi pour réaliser cet équipement !
La sortie du village avec bon nombre de maisons nouvelles : Les caps verdiens sont travailleurs ... la plupart construisent leur maison eux même ou en famille : attention aux trucs bricolés réalisés en béton armé au sable de mer ..... les acquéreurs de ces immeubles auront bien des surprises sans doute .
C'est un ancien bourg qui - comme son nom l'indique- a été le siège d'une sinagogue fréquentée par une communauté juive aujourd'hui disparue . ci dessus les vestiges de la synagogue .
Nous musardons jusqu'à Ribeira Grande .......
dans une petite vallée un élevage insolite de cochons bariolés
.....ou nous trouvons un petit restaurant ouvert . Nous y sommes accueillis fort gentiment .
Ribeira Grande : la rue principale
une petite ville en mutation .... qui reprend des couleurs très rapidement .
Nous reprenons la route vers 15h00 pour finir d'arriver à Ponta do Sol.....la station balnéaire de l'ile ....
L'entrée du village
C'est le miroir aux alouettes de la modernité ... des immeubles sans âme au milieu d'espaces dévastés sans végétation avec beaucoup de gravats de construction de d'immondices .... pas un lieu vraiment attachant, mais il est certainement pertinent d'y investir ! c'est manifestement l'endroit où les gens qui ont de l'argent réalisent leur projet immobilier ...; phénomène assez grégaire ... comme chez nous .
..... où nous allons assister au match de "fouteballe" comme ils disent !
un bel équipement sportif pour une petite ville de cette taille
L'ambiance entre les supporters est survoltée ; les deux équipes opposées sont des deux villes voisines Ribeira Grande et Sinagoga . Le bar au bout du stade sert plus de ponche et de grogghe que de jus de fruit et de coca ..... de là à y voir une cause à effet ?
Nous retrouvons Martine , Menduca, Jean Pierre et Tina au "Chat Noir" pour dîner, écouter de la musique traditionnelle capverdienne et peut être danser .... .
Nos jambes sont encore tellement raides que nous renonçons à esquisser un pas sur la piste . Menduca nous fait une présentation de la danse traditionnelle du foulard .... très suggestive . Quel sens du rythme !
Nous rentrons chez Jean Pierre et Tina à 6 dans l'auto de Martine ; Ils nous font visiter leur grande maison en front de mer de Ponta do Sol, très récemment terminée .
Il se fait tard..... nous rentrons chez Martine et allons nous réfugier dans les bras de Morphée .
C'est notre dernier jour sur l'ile de Sao Antao . Nous décidons de prendre notre temps pour rentrer tranquillement à Porto-Novo par le ferry pour Mindelo .
Nous prenons le temps d'échanger avec Martine et Norbert qui nous ont réservé un accueil très chaleureux . Nous les en remercions .
Alors que nous sortons de la propriété avec Norbert pour prendre le premier aluguer de passage, le propriétaire de l'hôtel Pedracin ("la pierre qui tinte") s'arrête . Il nous fait faire un tour rapide de son établissement ....
...... beaucoup de charme puis nous dépose à Ribeira Grande .
Nous visitons la ville attentifs aux détails du quotidien de ses habitants .
Nous voyageons dans l'aluguer de retour avec un groupe de capverdiens vivant aux Etats Unis . Du fait de la difficulté à prendre des congés , mon voisin d'occasion n'a pas pû revenir rendre visite à sa famille depuis 1997 .
Au retour, à la gare maritime, nous retrouvons Patricia, Jean et Aymeric qui - eux - se préparent à rentrer en France le lendemain en avion .
A notre arrivée, il fait nuit à Mindelo .... Nous rejoignons Antonin et Nina qui ont habité Esclarmonde pendant notre absence . Alain, le père de Camille (Voilier Apache pogo 8,50 croisé à Baïona ) est arrivé le 28 ; Il a passé la nuit sur Esclarmonde pour attendre l'arrivée de Fred et Cam le 29 . Ils repartirons le 31 après midi pour traverser vers la Martinique ..... en faisant une dernière étape d'une nuit au mouillage à Tarrafal (Sao Vicente) .
Nous partageons une bière au bar de la marina . Le lendemain midi, (31) nous nous réunissons tous sur Esclarmonde pour déguster un succulent carry de poulet cuisiné avec amour par Nicole .
Fin de l'épisode Sao Antao ........ on va maintenant préparer la traversée .... reste à faire remplir la bouteille de gaz, caréner et faire l'avitaillement et c'est parti !