dimanche 23 février 2014

trois jours d'initiation à la forêt amazonienne


Nous avions projeté initialement de ne rester en guyane qu'une quinzaine de jours , le temps de partager de bons moments avec nos amis Manu et Steph et de visiter ce qui nous semblait constituer les principaux points d'intérêt du département : Cayenne et ses environs , Kourou - le centre spatial et les îles du Salut- , St Laurent du Maroni avec le camp de la « transportation » enfin.

Sous l'effet d'on ne sait quoi.... déjà un mois ici et nous découvrons chaque jour de nouveaux visages de ce territoire attachant par bien des aspects : son histoire, sa géographie, sa faune, sa flore , son irréductible contradiction entre une modernité extrême symbolisée par l'industrie spatiale portant l'innovation la plus poussée d'une part et des structures politiques et administratives anachroniques au fonctionnement sustenté par l'esprit rétrograde inspiré du mélange subtil d'une fin d'empire colonial dans laquelle les agents de l''Etat achètent leur tranquilité de carrière avec les politiques locaux  et du rêve du souvenir de l'économie de rente de la période bénie des chercheurs d'or d'autre part .

Après avoir organisé avec John Dumbaï (Maroni-Tour) une remontée d'une journée sur le Maroni de St Jean du Maroni jusqu'au saut Hermina à l'amont d'Apatou, nous avons consacré cette semaine à la découverte de la forêt primaire dans l'arrière pays de Kourou, en remontant les méandres du fleuve pendant deux heures et demi de bateau à moteur . Pour fixer un ordre de grandeur, à vol d'oiseau, nous établissons notre camp à 25kms de Kourou dans le rayon d'action des secours . En clair, nous ne participons pas à une expédition de Jean Louis Etienne aux pôles ou dans la forêt profonde où l'on ne doit que compter sur soi  .

Il n'en demeure pas moins que le milieu dans lequel nous allons devoir évoluer ne nous est pas familier et suppose que chaque détail doit être préparé avec minutie afin que cette sortie ne se termine pas en « eau de boudin » .

Catherine et Michel (Mordicus) sont intéressés pour participer à cette « aventure ». Sous les conseils avisés de Michel (Allégro 3) qui nous fait bénéficier de sa connaissance de la forêt et nous servira de guide durant cette découverte, Lundi, nous faisons la liste des fournitures nécessaires : eau, alimentation, carburant, outillage – (on emmène même une tronçonneuse, pas seulement des machettes )- fusils de chasse , cannes à pêche et accessoires , l'iridium, la pharmacie ….. etc . Nous faisons les achats et transbordons tout sur le bateau au mouillage . Mardi, nous nettoyons les coques des bateaux soigneusement pour éviter les aspérités dont la présence accroît significativement la consommation d'essence .

Le mercredi matin, à l'aube (le soleil se lève ici invariablement aux alentours de 6h30 / 6h45 du fait de la proximité de l'équateur), nous nous réunissons sur Esclarmonde III pour un petit déjeuner copieux avant d'entamer la remontée du fleuve . Nous sommes en fin de marée montante : nous allons donc profiter d'un « chouïa » de courant favorable et de l'étale de marée haute pour avancer au milieu des terres .

 
Il est 8h15 . C'est le départ . Les 2 bateaux sont lourdement chargés ; chacun des 2 moteurs de 15 cv est sollicité au maximum de sa puissance . La barque en aluminium de Michel, étroite et longue est bien adaptée à cet exercice . Elle est équipée d'un moteur Suzuki 4 temps récent, économique et peu bruyant .



Notre annexe pneumatique Caribe à fond rigide de 3,20 m «pousse beaucoup d'eau » avant de déjauger ; elle est équipée d'un Yamaha enduro 2 temps des années 2000 à la fiabilité légendaire, mais bruyant et surtout gourmand . C'est la première fois que nous allons le solliciter pour un fonctionnement continu de plusieurs heures . Je n'ai pas vraiment de repère pour prévoir sa consommation pour un tel usage . Je pense être prudent en emmenant un bidon supplémentaire de 5 litres …... .


La géographie du fleuve est intéressante : au départ - près de l'embouchure, il mesure environ 400 mètres - dès les premiers méandres après être passé sous le pont de Kourou, la mangrove révèle toute sa puissance et s' en approprie le lit dont la largeur apparente diminue vite à seulement une bonne centaine de mètres . Nous ne devons pas perdre de vue que nous sommes à la petite saison des pluies qui précède le « petit été de mars » . A la grande saison humide (mai, juin, juillet), les berges ne seront plus visibles au plus fort des pluies torrentielles qui font sortir le fleuve de son lit et transforment la forêt en une immense mangrove encore plus impénétrable .


Après une heure trois quart de navigation, nous faisons une halte au dégrad Sarramaca au PK 23 : Catherine à bu pas mal de thé avant de partir ….Nous en profitons pour refaire le plein ….. plus de 15 litres de mélange sont déjà consommés sur les 40 du stock de départ ….Il nous reste une bonne heure de remontée à parcourir : il va falloir être vigilant sur le carburant …...en baissant la vitesse et en surfant sur la vague faite par la pirogue de Michel .

Nous reprenons notre progression .


Au bout d'une trentaine de minutes nous quittons le fleuve Kourou pour nous engager – sur la droite - dans un petit affluent ( une crique comme ils disent ici ) dénommée « la Couï » .

 
 
 

Le cours d'eau se rétrécie très vite à une dizaine de mètres en moyenne . Fragilisés par le poids de l'eau de pluie dans leur feuillage, de nombreux arbres se couchent ; la couche d'humus étant faible en forêt, le réseau racinaire reste en surface . Il n'a pas de résistance mécanique . Au moindre coup de vent significatif la rivière est barrée par de nombreux troncs et branches qu'il faut habilement contourner en levant le moteur au bon moment, sans oublier de conserver assez de vitesse pour franchir l'obstacle ….. un peu technique mais on s'y fait vite surtout lorsque l'on a la chance d'avoir un ouvreur du passage devant soi .




Michel nous explique qu'il doit fréquemment sortir sa tronçonneuse et ouvrir lui même la voie . Nous n'aurons pas à le faire cette fois ci : En effet, nous sommes près du carbet du camp d'entraînement de Légion dans lequel les troupes s'entraînent fréquemment à cette période de l'année . Si le chemin est tracé et entretenu sommairement c'est assez pour réussir à progresser vers notre campement pour deux nuits .

Nous arrivons à hauteur du camp militaire ; les hommes sont en train de réaliser un exercice d'entraînement aux techniques de franchissement de la rivière avec un blessé . Après les saluts d'usage, lorsque la voie est libre, nous poursuivons notre remontée pour chercher notre point de bivouac dans la forêt .

Sur le coup de midi, nous nous arrêtons pour pique-niquer sur une petite île .


 
 
 
 

Nous observons attentivement les faits et gestes de Michel dans sa prise de possession des lieux . En effet, nous avons déjà fait la rencontre d'un serpent lors de notre première expérience de découverte de la forêt près de Cayenne sur le sentier balisé de la colline du Rojota .

 
 
 


Pour fixer les idées, il s'agit du parcours de jogging du dimanche dans le quartier résidentiel de Remire-Montjoly . Nous ne pensions pas y faire une telle rencontre compte tenu de la fréquentation des lieux . Nous découvrons que la sécurité de la marche en forêt suppose une habitude réflexe d'observation de son environnement en trois temps : regarder l'endroit où l'on pose son pied , observer la végétation autour pour éviter les chutes d'arbres, les piqures d'épines, les nids d'insectes..... , enfin on peut se laisser aller à la contemplation des fleurs, des papillons.... à l'écoute des bruits étonnants de la forêt ou à l'action de chasse . Pas évident de bien respecter cette valse à trois temps …...on ne s'improvise pas indien ou marron en un claquement de doigts !

 
 
 


Au sol, le serpent le plus dangereux est le « grage »  :


Exemple de sol en forêt .... il faut avoir l'œil pour identifier un serpent dans ce fouilli de racines et de branches entrelaçées .

Contrairement à ses congénères, il ne fuit pas devant les intrus que nous sommes sur son territoire . Il reste lové et attaque avec une détente foudroyante qui lui permet de planter ses crocs venimeux de 2 cms jusqu'au bas de la cuisse et sans problème à travers une botte de chasse .



Nous repérons plusieurs installations vacantes . Conformément aux usages de la forêt, nous nous installons dans un carbet inoccupé .



Il est admis de se servir des lieux comme un refuge en montagne en le laissant en parfait état de propreté . Après avoir attaché les bateaux sur un ponton sommaire construit sur la rive, nous faisons la découverte des lieux . L'endroit nous semble parfait . Nous déchargeons nos affaires et les mettons à l'abri car le ciel menace . Le bois mort alentour récupéré, Michel allume un feu dans le barbecue pour disposer de suffisamment de braises pour la cuisson du repas du soir .



 
 
 

Nous installons les hamacs ….pas si simple qu'il n'y paraît de trouver le compromis optimal entre tension et courbure : ça conditionne le confort et la qualité du sommeil .



 

La nuit arrive vite à l'équateur,(18h30 environ)  ; nous sommes très confortablement installés .



L'heure du ti punch sonne ! l' atmosphère est au recueillement devant nos gobelets savoureux  ! Nous n'abusons pas …. nous ne virerons pas à la contemplation !

Un dîner aux bougies se prépare . Il faut imaginer la faible lueur dans le carbet dans l'environnement sonore de la forêt tropicale …..simplement magique ! On peut comprendre que l'on devienne addict à cet atmosphère ambigüe faite à la fois de sérénité profonde et de vigilance aux risques permanents d'un milieu hostile maintenant les sens en éveil .

La braise étant à point, les appétits aiguisés.... nous réservons le sort que vous imaginez …. aux succulents magrets de canard agrémentés de pommes de terre cuites en papillotes ; un verre de Bordeaux ne nuit pas ….. deux non plus d'ailleurs !


Il est encore très tôt …. une petite sieste avant d'aller faire une chasse de nuit .



lever à 22h30 : les caïmans n'ont qu'à bien se tenir ! Nous installons nos puissantes lampes frontales qui éclairent des berges jusqu'aux cîmes des arbres .

Tels des Tartarins en goguette nous ne verrons pas plus de caïmans que d'autres bestioles nocturnes . Nous ne sommes pas assez profond dans la forêt . Cet espace est très chassé …. trop probablement . Nous passons quand même un excellent moment : la lumière réfléchit l'éclat  orange des yeux d'un serpent jaune et blanc nacré  d'1,50 m environ enroulé sur une branche surplombant la rivière et un animal non identifié que nous observons en train de nager (probablement un petit mammifère rongeur ) .

Nous ne tirerons pas une cartouche pendant le séjour .

Minuit 30 : retour au campement . Michel nous raconte ses mésaventures de l'an dernier suite à l'agression dont il a été victime durant son sommeil dans son carbet installé dans la forêt profonde (à - heures de pirogue de Kourou)   . Du fait du risque de vol, souvant accompagné de violences physiques par des garimpéros, nous organisons un quart de surveillance . Nous prenons chacun une heure et demie . Le risque n'est pas mince : Les fusils sont chargés à balle pour gros gibier . Heureusement, nous n'aurons pas à nous en servir .

Nous sommes aidés dans cette tâche par Tit'fille, la petite chienne de Michel qui elle ne dort que d'un œil …. contrairement à Catherine !

 



Le petit déjeuner permet à tout le monde de partager un temps commun . Œufs au bacon sur le feu de bois … délicieux goût de boucanage …. Instants magiques rythmés par les ébats des singes hurleurs s'égosillant dans le lointain et des oiseaux entourant la clairière .

Durant la matinée, nous partons chasser dans la forêt avec Nicole ; Nous avons pris soin d'emmener une boussole avec nous .

Nous faisons quelques mètres dans une végétation luxuriante et déjà nous perdons de vue le campement ….. nous tournons à droite , contournons un obstacle par la gauche …. contournons une souche... un bras de rivière … au bout d'un quart d'heure nous vérifions que notre sens de l'orientation n'est pas pris en défaut . Bien nous en prend : Nous allons à l'opposé de notre chemin pour revenir au camp . Heureusement nous sommes encore à portée de voix mais séparé par un méandre de rivière qu'il faut contourner par la droite ou la gauche ? ….. chaud, chaud de ne pas se perdre dans cette jungle inextricable dans laquelle nous n'avons pas les connaissances pour se créer des repères comme les indigènes . Au bout d'une demie heure , nous retrouvons le camp ….. bonne leçon qui confirme que nous avions vraiment raison d'être prudents en n'allant pas loin . L'après midi, Michel part à la chasse . Comme convenu, je tape sur le cul de la poelle au bout d'une demie heure . Cela lui permet de se recaler dans la bonne direction pour revenir au carbet . L'orientation dans la forêt suppose un sens de l'observation et une intuition que nous ne travaillons plus dans nos sociétés « développées ».
 …
 
Le jeudi après midi, Michel (Mordicus) décide de partir pêcher dans la Couï ; Il apâte avec des gambas conservées dans la glacière .  Ca marche ! Il prend 5 poissons en deux heures . Mieux que la chasse incontestablement .
 
Nous sommes mis au défi avec Michel (Allégro) . Nous décidons de partir à la chasse en espérant croiser un agouti .... Le layon  longeant la rivière est encombré de nombreuses branches entre lesquelles nous progressons prudemment . A hauteur d'une souche, je passe sans encombre ..... Michel suit quelques mètres derrière .  Les guêpes  dérangées se ruent sur lui ..... Une bonne vingtaine de piqures  par des " mouche à feu " ça fait mal ......  Nicole et Catherine trouvent dans la pharmacie de quoi atténuer les misères de notre guide .

 
 
Après une nuit et une matinée sous des trombes d'eau, nous rentrons  sans encombre le vendredi après midi  sous un ciel dégagé .   Michel puise dans sa réserve d'essence pour me permettre de finir le voyage retour ...... Il m'aurait manqué 5 litres de carburant pour finir de rentrer !
 
Beau périple qui nous donne envie de poursuivre la découverte du monde de la forêt amazonienne .... une virée de 15 jours au carbet de Michel l'an prochain .... pourquoi pas ?
 
 
 
 
 








mardi 18 février 2014

Des Tintinophiles à la découverte de la vraie conquête spatiale ......



Nous avons touché la Guyane au niveau des îles du Salut, c'est à dire juste au large de Kourou . Cette ville champignon s'est développé depuis peu de temps : la création du Centre spatial guyanais remonte à 1965 , période à laquelle il fallait trouver un site de substitution aux installation situées dans le Sahara algérien où la France a lancé son premier satellite – Astérix- avec un lanceur « Diamant ». Kourou est distante de 60 kms dans l'Ouest de Cayenne, la ville capitale de ce département grand comme 1/5 de la métropôle .( environ 100 000 Km²) .



J'avais visité cette base 1992 en marge d'un déplacement professionnel . Que de changements !
 
 Son emplacement près de l'équateur permet d'augmenter la capacité de projection dans l'espace de satellites lourds (charge utile de 10 tonnes) ou de diminuer l'énergie nécessaire au tir à poids identique : à titre d'ordre de grandeur, le même tir consomme 1/3 de plus d'énergie à Cap Canavéral à Baïkonnour qu'à Kourou . La cause de ce phénomène réside dans « l'effet de fronde » lié à la vitesse de rotation de la terre , maximale à l'équateur. Pour fixer quelques ordres de grandeur, le lanceur Ariane V mesure 53 m de hauteur et pèse près de 600 tonnes . Au décollage, chacun des 2 boosters latéraux développe 520 tonnes de poussée et consomme 2 tonnes de combustible à la seconde !


Faisant escale à Kourou il était naturel de faire la visite du Centre Spatial Guyanais (CSG)  du CNES ( Centre National d'Etudes Spatiales) . Sur l'aire d'accueil, nous espérions une pointe d'humour avec un clin d'œil au moyen d'une fusée rouge et blanche   ..... mais  nous sommes accueillis par la maquette grandeur réelle du monstre de technologie  .





Le jour dit, nous arrivons à 8h00  à l'entrée du CSG ( attention , il est nécessaire de réserver à l'avance) . L'organisation est parfaitement réglée : contrôle et dépôt des passeports, contrôle corporel   de sécurité  avant la montée dans le bus . C'est parti pour 4 heures de découverte du site . Le CNES dispose d'un domaine de 650 km²  .....  nous n'entrevoierons  que l'essentiel donc :   Trois  pôles  distants de 25 kms environ structurent  cet espace :  L'aire Ariane , l'aire Soyouz, l'aire Vega .  Une aire spéciale dédiée à la fabrication des combustibles permet une production locale par Air Liquide .

L'aire Ariane V est la plus impressionnante du fait de la puissance de ce lanceur capable d'envoyer une charge utile supérieure à 10 tonnes dans l'espace .


 
 

L'aire de lancement d'Ariane V : des équipements de refroidissement colossaux gérés par les pompiers de Paris . Les grandes antennes servent à créer une cage de protection contre la foudre .

 
Le château d'eau sur la droite du lanceur est vidé en quelques dizaines de secondes : c'est la raison de l'incroyable nuage  de vapeur blanche destiné à laver les fumées de combustion des poudres des deux boosters . Chacun consomme deux tonnes  de poudre à la seconde . 520 tonnes de poussée par booster . 
 

La salle de commande des paramètres techniques du lancement

 
La salle JUPITER d'où le directeur du CSG centralise toutes les informations internes et externes pour autoriser le lancement .

 
L'aire Soyouz



 
La zone de combustion sous la fusée Soyouz . Ce lanceur est plus petit ; il emporte seulement 3 tonnes en orbite . Sa robustesse et sa fiabilité sont légendaires .
 
Des équipements et installations très importants répartis sur des espaces très vastes ....
 
 


La chasse étant interdite dans cet immense domaine, la faune est très préservée .  La question de la pollution due aux poudres de lancement est soigneusement "greenwachée" par nos charmantes guides .

Nous assistons au lancement  d'Ariane V le 6 février .  magnifique succès !

 
Pas de chance , un plafond nuageux très bas interdit de voir très brièvement  autre chose qu'une boule de feu qui perce les nuages  .... Rien à regretter cependant :  La mise à feu des boosters déclanche un  bruit assourdissant et un vrai tremblement de terre à des kilomètres à la ronde !
 
 
Le lien avec le film produit par Ariane espace en dit plus long sur tout le processus d'un lancement .


http://www.videocorner.tv/videocorner2/live_flv/index_fr.php?langue=fr#.UwCPRPl5PfI.
 
 
La base spatiale  est  un grand bol de modernité et de succès autour d'un programme d'innovation ambitieux.
 
Le lancement de la fusée est un moment impressionnant : c'est un véritable tremblement de terre et une luminosité caractéristique . La fusée met 11 minutes pour arriver au dessus de l'Afrique.... nous avons mis 11 jours en voilier pour traverser  ! En 30 minutes, les 2 satellites ont été placés en orbite avec succès . C'est un moment passionnant . C'est aussi une légitime cause de fierté pour notre pays (le CNES -centre national d'études spatiales-) et pour l'ESA bras séculier de l'Europe en la matière.
C'est pourquoi, nous avons écouté avec étonnement le Président du CNES, Monsieur Israël souhaiter la bienvenue et présenter le tir  aux clients et spectateurs en utilisant la langue de Shakespeare ; Rassurez vous, pour nous les ploucs Français , il était quand même prévu un traducteur ! Que doivent penser les clients chinois de cette élite "mondialisée" en perte de racines ? Un accueil en Français - traduit en Anglais - avec un vrai propos amical en chinois en l'honneur des clients aurait eu un autre panache ! Excusez nous d'attacher de l'importance au symbôles ........nous devons devenir de vieux c...... ! (Mr Obama recevant le Pt de la République a parlé dans sa langue en mettant en français une touche d'humour ..... je ne suis pas seul à penser  comme ça donc ; ça me rassure .... )
Si l'on veut revenir à une pensée positive, il faut se remémorer que confier l'Europe à des scientifiques ou des ingénieurs a donné et donne manifestement des résultats plus probants qu'en confier les clés aux sbires de Goldmann- Sachs jouant du tambourin à des aparatchicks carriéristes  dansant dans l'espace politico-médiatique  comme de vulgaires ours de foire ! Peut être est il même possible de supposer  - sans beaucoup de risque de se tromper- que les citoyens continueraient de voter pour elle  - à juste titre d'ailleurs - et même avec enthousiasme ! si l'Europe continuait à porter d'aussi beaux projets  .
« I have a dream !!! » disait Martin Luther-King .  Revenir à une gouvernance par des gens vertueux et conscients de leurs fonction symbolique pour que le citoyen puisse s'y identifier  :  A quelques semaines d' élections qui s'annoncent dramatiques, voilà peut être un bonne piste pour sauver le grand projet européen  !  Quand on voit les difficultés rencontrées par le commissaire européen Michel Barnier pour faire avancer le projet de régulation de la finance en Europe, on est certain de deux choses : l'une très positive : les hommes de qualité existent ….. et l'autre moins : que ce  rêve est encore loin de se réaliser !
 
 






dimanche 9 février 2014

Photos de Philip PLISSON : la tempête Petra en Bretagne

Les  photos qui suivent  communiquées par Olivier notre routeur valent mieux qu'un long discours :

Il valait vraiment mieux ne pas se trouver à la côte pendant le passage de cette dépression !

http://www.philip-plisson-blog.com/article-tempete-petra-par-philip-plisson-122425732.html

Le phare de la Jument à Ouessant , fragilisé au niveau de l'embase semble avoir une fois encore résisté à des conditions exceptionnelles ;  tant mieux  ...... Ce n'est peut être pas une raison suffisante pour différer plus longtemps  les nécessaires travaux de sauvegarde .





vendredi 7 février 2014

Iles du salut : une étrange réputation pour des iles edeniques

Nous sommes arrivés en Guyane en faisant escale dans cet archipel ; nous y sommes revenus deux week-end, nous y repassons enfin lors de notre départ de Kourou pour St Laurent du Maroni . Vous aurez compris que l'endroit est (aujourd'hui) suffisamment agréable pour justifier qu'on y repasse sans réserve  .

Cet article est la synthèse de nos deux derniers séjours sur place .

Cet archipel situé à 15 kms de la côte, a été dénommé Iles du Salut  . C'est en effet sur l'ile Royale que se sont réfugiés les rescapés de l'expédition Choiseuil en 1764 / 1765 . Décimés par les fièvres, les maladies et les guerres avec les indigènes, les survivants de la première grande tentative de colonisation se sont repliés ici d'où leur "salut" .

Nous ne résistons pas à l'idée de vous faire visiter ces  3 iles étonnantes connues avant tout pour avoir hébergé le système carcéral parmi les plus inhumains que l'on puisse imaginer . Quand on découvre  au musée  installé dans l'ancienne demeure du Directeur,  le degré d'inventivité des geôliers pour aggraver les conditions de subsistance, la cruauté gratuite et jusqu'au symbole  représenté par l'absence de sépulture pour les détenus donnés en pâture aux requins,  on relativise  les leçons de morale que nous donnons quotidiennement sur le goulag russe, les camps chinois ou aux américains (pour ce qui concerne Guantanamo).  En effet , la fermeture de ces véritables camps de la mort date d'hier à l'échelle de l'histoire (1949) .  Même avec un enthousiasme inoxydable, rien n'interdit de penser que nous ne soyons pas capables de répéter de tels errements si les conditions se trouvent à nouveau réunies  .

Trois iles disais- je : La principale est l'ile Royale, l'ile Saint Joseph à proximité et la dernière - la plus célèbre d'entre toutes - l'ile du diable (l'accès en est interdit) . St Joseph recevait les détenus récalcitrants , les incorrigibles et l'ile du Diable, les détenus politiques tenus à l'isolement complet (le plus célèbre étant le Capitaine Dreyfus)  . Sur ces deux iles les détenus devaient respecter la règle du silence absolu . Ces trois îles sont séparées par d'étroits passages dans lesquels les courants sont extrêmement forts et dangereux .

 
L'ile du diable vue de l'auberge de l'ile Royale


On accède à l'ile Royale en mouillant dans une baie bien abritée  du vent dominant (Nord-Est) .



 
 
 
 
 
 
Esclarmonde 3 au mouillage dans la baie  entourée de cocotiers dans lesquels singes et perroquets s'en donnent à cœur joie .
 
 
 
 
Les singes espiègles n'hésitent pas à "nous canarder" avec des mangues qu'ils laissent tomber   des plus hautes branches des manguiers centenaires .... merci d'ailleurs car la mangue verte en salade est un met exquis !
 
La chasse est interdite sur les iles : les animaux sont très familiers .
 
 
les perroquets près de l'auberge
 
 
Les agoutis courrent partout .... espèce mammifère, sorte de gros hamster végétarien parait il fameux .
 
 
 
La place centrale de l'ile royale et ses arbres centenaires 
 
 
 
L'église  sur la place d'armes
 
Plaque commémorative en mémoire des sœurs de St Paul de Chartres qui ont soigné gardiens et détenus pendant un demi siècle ....jusqu'en 1904 .  Bon nombre sont décédées de fièvres et de maladies tropicales .
 
 
 
 
A la demande de l'évêque de Cayenne , le détenu Francis Lagrange a peint  les fresques de l'église .
Il n'a pas manqué d'humour : Le petit Jésus est figuré sous les traits du plus jeune détenu ,  Marie porte dans sa main droite un panier dans lequel l'enfant Jésus se sert et croque .... une pomme !
 
 
les Fresques de l'entrée  représentent  les traits de personnages du camp
 
 
Même Le Directeur est représenté ...sous les traits de Judas !
 
Espiègle ce Lagrange !
 
 
 
 
 
L'hôpital des surveillants et administrateurs ... l'hôpital des détenus  qui lui était symétrique a été démoli par le CNES  pour faire place à une station radar pour le suivi des trajectoires de lancement des satellites .
 
 
Derrière l'hôpital, les Phares et Balises ont érigé le phare de l'ile Royale ; cet amer constitue le point d'atterrissage pour l'entrée dans le chenal de  Kourou ; il  est automatisé depuis de nombreuses années .
 
 
Le CNES - propriétaire des Iles - fait des efforts significatifs pour restaurer et valoriser  le patrimoine de ces trois iles . Par exemple, le partenariat avec le Conservatoire du littoral a permis une remarquable restauration de la maison du Directeur  désormais transformée en musée très intéressant  . Sont notamment évoqués les cas des détenus célèbres :  Dreyfus- Seznec - Papillon - Lagrange ....etc
 
 Il convient de noter cependant que ces efforts sont étrangement accompagnés par le seul établissement hôtelier de l'ile  : L'auberge  de l'ile Royale . Il faut croire que digne héritier  du corps d'administration pénitentiaire de la Marine, le gérant et ses "sbires" déploient des trésors d'ingéniosité pour assurer une réputation calamiteuse à l'établissement : alimentation chère et mauvaise, refus de permettre la connexion Wi Fi si  ne consommant qu'une boisson ou un repas, vous ne prenez pas de chambre à l'hôtel , attente d'un quart d'heure pour obtenir de service d'un coca et d'un perrier..... ( et en plus, manifestement on dérange)  ! Rien d'étonnant à ce que la fréquentation touristique des iles du Salut soit en diminution !  reste à imaginer ce qui se passe lorsqu'un paquebot essaie de faire escale ?
La Guadeloupe à coté est un havre de gentillesse !
Cependant la qualité du guide - Serge Colin - justifie à elle seule le déplacement sur l'ile .
 
 
Les dortoirs des détenus restaurés par le CNES .  A  proximité, les  anciens logements des gardiens ont été transformés en chambres d'hôtel ou gites par le CNES .
 
 
La piscine des détenus de l'île Royale  .....vraiment  pas grande pour 1600 détenus !
 
 
 
Nous prenons l'annexe et traversons l'étroit passage séparant les 2 Iles .
 
L'Ile Saint Joseph  est confiée par le CNES a la garde de la Légion . Nous y accostons difficilement car le ponton est cassé .
 
 
le coin de la Légion sur la face Ouest de l'Ile : 2 hommes restent en permanence pour la garde et l'entretien de cette ile .
 
 

 
le casernement des légionnaires  : l'ancien quartier des logements des surveillants reconverti
 
 
 
 
 
La piscine des détenus .... soigneusement installée à l'endroit où le courant est le plus dangereux pour dissuader les tentatives d'évasion
 
 
Le tout dans une végétation paradisiaque ...
 
 
l'Ile du diable vue de St Joseph
 
 
 
 
 
La plage aux tortues vertes ...... nous n'en aurons vu aucune !
 
 
 
Le cimetière des gardiens et de leur familles  :  près d'un résident sur trois, gardien ou membre de sa famille décédait durant le séjour ..... Fièvre jaune , paludisme ont fait des ravages tant chez les détenus que les gardiens ou leurs familles . Il n'y a pas eu que des morts par chute de noix de coco !
auxquelles il faut être très attentif !
 
 
Les détenus ont réalisé des ouvrages de maçonnerie très élaborés  :
 
 
L'allée qui longe le rivage après le cimetière, coté île Royale
 
 
La grande allée d'accès aux zones de réclusion est en cours de restauration dans le cadre d'un chantier d'insersion .
 
 
 
L'urgence de développer la capacité d'accueil du site à conduit a  faire construire  des bâtiments en structure métallique fin XIX eme siècle (1889 1890) . La troisième République ne badinait pas avec l'ordre .......
 
Les cages d'incarcération étaient barreaudées latéralement , au dessus et au dessous ne réservant aucune intimité  ; les détenus avaient droit à une sortie d'une heure par jour entre 4 murs.  Le reste du temps ils étaient aux fers une cheville tenue par une manille au bout d'une chaîne . Ils avaient deux possibilités de station : assise au sol ou couché . Suite aux articles d'Albert Londres début des années 1920, l'administration  pénitentiare de la Marine décida d'améliorer le confort des détenus : elle leur mis à disposition  en 1936 chacun un tabouret !  Pour surprendre les détenus qui avaient interdiction absolue de parler entre eux, les gardiens se déplaçaient chaussés de charentaises en semelles de feutre .
 
Nous rentrons à Kourou pour aller assister  au décollage d'Ariane V ....  en effet il est interdit de rester aux Iles du Salut lors d'un tir ..... l'archipel est sous la trajectoire des débris en cas d'explosion de la fusée !
 
 
Entrée devant la pointe des Roches au coucher du soleil dans le mouillage de la rivière de Kourou ....
à bientôt pour un prochain épisode .